Barnabas le vampire (Johnny Depp) s’est enfin échappé du cercueil plombé qui le retenait prisonnier. Il regagne la demeure familiale, avec 250 ans de retard.
Son château est dans un état pitoyable. La domesticité aussi, réduite à un valet crétin et une vieille dame sourdingue. Mais le pire, ce sont les héritiers, qui vont de l’ado exaspérante au gendre fin de race, voleur, tombeur et mauvais père (Johnny Lee Miller).
Ce dernier fait son numéro d’aristo contrarié. La présence de Barnabas le met mal à l’aise. Au déjeuner, il râle :
Roger : Si c’est encore un vieux gigot tout desséché…
Comme de bien entendu, le valet apporte un vieux gigot tout desséché.
L’image est explicite. Dans cette famille, le sang ne coule plus. L’héritier mâle est un gamin semi-autiste, l’adolescente est une louve-garoute, et n’oublions pas la médecin de famille qui perfuse Barnabas pour lui piquer son sang. On ne sert à table que des plats secs comme des chauve-souris mortes : gigot, gaufres…
Le clan a besoin de sang neuf. Paradoxalement, la perfusion salvatrice viendra de Barnabas, mort et enterré depuis deux siècles et demi, dont la vitalité et l’éternelle jeunesse proviennent de ce qu’il se nourrit du sang des autres. Sous son impulsion, la table familiale se chargera de produits frais, comme cette belle tranche de melon d’Espagne surmontée d’une cerise confite.
Barnabas restaurera le château. Il remettra sur pied l’entreprise familiale, qui exporte du poisson frais. Et il épousera la gouvernante. Ils auront, sans nul doute, beaucoup de petits vampires gorgés de sang…