Profitez-en : ce n’est pas souvent que je vous entretiendrai de dessins animés.
Bon, d’un autre côté, ce n’est pas souvent non plus qu’une souris fait la cuisine, je suppose. Pour le premier billet de ce blog, il fallait une séquence un peu exceptionnelle.
Et à moins d’être sortis de votre tube de cryogénisation la semaine dernière, cette séquence, vous l’avez vue. C’est le « climax », le pinacle émotionnel, de Ratatouille. Amis cryogénisés, un petit rappel.
La séquence
Ratatouille est une souris. Passionnée de cuisine. Qui, pour aider son pote Linguini, un jeune humain attachant mais pas doué, a repris les rênes du restaurant. Oui, je sais, ça s’appelle « la suspension de l’incrédulité »; mettez-y un peu du vôtre, allez, c’est bientôt Noël.
Ego est un critique gastronomique. Pas « un » critique », « ze » critique. Le fils naturel de François Simon et de Dark Vador. Il s’installe au restaurant de Ratatouille. Seul à une table. Nerveusement, il tapote la nappe de son stylo Mont Blanc. Arrive l’entrée. C’est une ratatouille.
Une bouchée. Et soudain… Flash-back. Un môme. Une jolie petite maison à la campagne. Une maman. Le déjeuner. Un bol de ratatouille.
Le stylo Mont Blanc tombe à terre.
La lecture
Les scénaristes de chez Pixar ont tout compris à la cuisine. En quelques secondes, ils nous proposent un cheminement limpide. On part de l’art (elle est très jolie, leur ratatouille). On passe par les arômes, puis le goût. Et surviennent la mémoire et l’enfance. Merci, m’sieu-dames, de nous avoir épargné les dialogues explicatifs sur cette séquence gracieusement muette.
Ce qui est plus joli encore, c’est le cheminement accompli dans ces quelques secondes par le personnage du critique.
À son entrée dans le restaurant, il est la Mort. Grand, maigrissime et bleuâtre. Son beau stylo laqué de noir, c’est sa faux. Quand nous le reprenons une bouchée de ratatouille plus tard, le rose est monté à ses joues. Sa voix s’est adoucie. Nous suivons en très gros plan le stylo noir qui tombe au ralenti, dans un silence de catacombes, et heurte le sol avec le bruit d’un caveau qu’on referme.
La ratatouille a tué la Mort.
(c) Pixar
La recette
Je n’essaierai pas ici de reproduire l’esthétique de la ratatouille du film. Qui est, à vue de nez, moins une ratatouille qu’un tian. Je vous propose une recette particulièrement savoureuse, que vous pourrez servir chaude ou froide.
Pour 4 personnes
- 4 tomates
- 2 courgettes
- 2 aubergines
- 2 oignons rouges, épluchés
- 1 bouquet de basilic
- 1 bouquet de menthe
- 4 branches de thym
- 2 branches de romarin
- 0,5 l d’huile d’olive
- 1 gousse d’ail, épluchée, dégermée, hachée
- Sel, poivre
- Coupez tous les légumes en rondelles, pas trop fines. Effeuillez séparément les aromates. Chauffez la moitié de l’huile dans une grande poêle.
- Dorez les aubergines avec le romarin, salez, poivrez, laissez bien caraméliser. Réservez sur du papier absorbant. Remettez de l’huile. Faites ensuite frire, séparément : les courgettes avec la menthe, les tomates avec le basilic et les oignons avec le thym, salez-poivrez à chaque fois. Réservez sur du papier absorbant.
- Dans un grand faitout, transférez tous vos légumes. Ajoutez 1 càs d’huile d’olive et l’ail haché. Laissez compoter 20 mn au moins, à feu doux et à couvert.
Bon appétit !
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