Photos (c) Itami Productions / New Century Productions
Nous arrivons de nuit à un campement de clochards. C’est justement l’heure du dîner. Nos hôtes se révèlent plus sourcilleux que la moyenne des critiques gastronomiques.
Vagabond 1, montrant son assiette : Voici une côte de porc panée de chez Kitaro. Mais je ne vous la recommande pas.
Vagabond 2 : Chez Kitaro, la qualité a beaucoup baissé. Avant, ils faisaient venir leur porc de Kagoshima. Mais c’est fini, tout ça. Et leur chou ! Haché à la machine !
Vagabond 1 : Il n’y a plus d’âme dans leur cuisine.
Vagabond 3, nostalgique : Pourtant, c’était exquis, avant.
Le Professeur : Excusez-les, ils ont tendance à chipoter. Au fait, c’était quoi, l’histoire de ce vin ?
Vagabond 4 : Ah oui, ce Médoc, un Château Pichon-Lalande 1980. (L’homme se plante face caméra, un gigantesque sourire aux lèvres.) Souvenez-vous, l’hiver était mauvais, en 1980, et ce fut une mauvaise année pour le bordeaux. L’autre jour, j’étais dans la ruelle, derrière le Chat qui Pêche, et j’ai trouvé quelques bouteilles vides. Parmi elles, ce médoc, un Château Pichon-Lalande 1980. Il restait cinq centimètres au fond. Alors je l’ai précautionneusement rapporté chez moi, et je l’ai décanté. On dit que 1980 c’est une mauvaise année, pour le bordeaux. N’importe quoi ! Une vraie merveille. Léger… mais quelle charpente ! Sa longueur en bouche s’insinuait jusqu’au fond de ma gorge.
Tampopo, de Juzo Itami, 1985.
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