Le vrai martini de 007

« Quantum of Solace ». (c) Columbia / Sony Pictures

James Bond revient. Et il n’est pas content. Imaginez un peu : son contrat lui impose de siffler de la Heineken tout au long de Skyfall.

Alors que le drink de l’espion, comme chacun sait, c’est le martini.

Mais au fait, c’est quoi, un martini façon 007 ? L’heure est venue de tordre le cou à quelques idées reçues.

(c) Columbia / Sony Pictures

1. Il y a du Martini dans le martini.

Eh bien pas du tout. Ce que boit James, c’est un « dry martini« . Qui n’a de commun avec l’apéritif italien que le nom.

Un dry martini classique se compose de gin et d’un trait de vermouth sec. 007 lui substitue volontiers un vodka martini : remplacez le gin par de la vodka, russe si possible.

(c) Columbia / Sony Pictures

Mais surtout, dans les premières pages du roman Casino Royale, Bond impose son martini personnel. Et croyez-moi, c’est plutôt une boisson d’hommes.

Voici la recette, donnée par l’espion au barman de Royale. Bond baptisera le drink du nom de sa première amoureuse.

Le Vesper

  • 3 mesures de gin
  • 1 mesure de vodka
  • 1/2 mesure de Kina Lillet
  • 1 large zeste de citron

Le Kina Lillet, un apéritif amer, n’est pas du vermouth. Devenu « Lillet » en 1987, sa composition a changé en même temps que son nom. Et les marques favorites de Bond, en particulier le gin américain House of Lords, ont fermé boutique.

Autrement dit, pas la peine de frimer au bar de l’hôtel. Plus personne aujourd’hui ne peut boire exactement le même martini que James Bond.

Pour recomposer un cocktail de qualité, nous vous recommandons du gin Tanqueray’s, de la bonne vodka russe et du vermouth Noilly-Prat.

Mais la phrase « à consommer avec modération » s’impose. Même pour des palais blasés, le Vesper est une bombe, à ne pas mettre entre toutes les papilles.

Daniel Craig avoue s’être découvert un gros penchant pour le cocktail. Que les scénaristes, dans Casino Royale puis Quantum of Solace, ont légèrement modifié : le « large » zeste de citron, symbole de l’amour de Bond pour les grandes portions et de son horreur des chichis, est devenu « fin ». C’est plus joli à l’image…

2. Agité, mais pas secoué

Si nos lecteurs parviennent à agiter quelque chose sans le secouer, ils remportent notre admiration.

(c) Columbia / Sony Pictures

« Shaken, not stirred », dit la version originale. Ce qui signifie : au shaker, pas à la cuiller.

On imagine mal les flots de littérature que cette phrase a engendré.
Pour les uns, Bond a raison. Le shaker permet un mélange homogène et bien froid.
Pour les autres, Bond est un rigolo : le shaker introduit dans la mixture du glaçon fondu, donc de l’eau. Un cocktail pour mauviettes.

Nous serions tentés de recommander le shaker. D’abord par orthodoxie. Et puis, la clef du martini, c’est l’équilibre : il doit être parfaitement mélangé pour être buvable. Mais nous laisserons la décision à Daniel Craig.

Le barman : Au shaker ou à la cuiller, monsieur ?

Bond : Est-ce que j’ai l’air d’en avoir quelque chose à foutre ? 

Casino Royale, 2006

3. Bond ne boit que du martini

Et du champagne, peut-être. Là encore, on ne saurait se tromper davantage.

Roger Moore. (c) Cat’s Collection

Car si un moine bénédictin compilait tous les verres descendus par l’espion, depuis la première page du premier roman jusqu’à la dernière minute de Quantum of Solace, d’abord, il aurait le vertige, et il s’apercevrait ensuite que l’alcool le plus fréquemment sifflé par 007, c’est… le whisky.

D’ailleurs, tous les James Bond ne se valent pas. Certains descendent le martini par citernes entières. Six d’un coup pour Daniel Craig dans une belle scène de vague à l’âme de Quantum of Solace.

Comparatif établi par The Economist.

D’autres, comme Sean Connery ou Roger Moore, s’essaient aux boissons locales. Mint Julep (whisky, sucre et menthe fraîche) dans Goldfinger, Sazerac (cognac, absinthe et bitters) dans Vivre et laisser mourir.

Le James des romans s’amuse à explorer les préparations régionales, enracinées dans les pays qu’il visite. Le Bond des films marque une préférence pour les produits de luxe, Bollinger R.D. ou sherry solera. Il cède parfois à la bibine locale, histoire de ne pas se faire remarquer. Témoin la bière bolivienne de Quantum of Solace.

Ce qu’il ne boit jamais, c’est une boisson internationale, identique d’un pays à l’autre, sans personnalité, sans identité.

Du coca-cola, par exemple. Ou de la Heineken…

Image promotionnelle pour « Skyfall ». Oh, James…

* * *

Encore un peu de 007 ?

Pour vraiment tout savoir sur le martini de 007, lisez Bon Appétit, Mr. Bond ! 

Retrouvez une réplique croustillante de Jamais plus jamais

Encore un peu de martini ?

M*A*S*H, martini de guerre

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9 réponses à “Le vrai martini de 007

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  6. Désolé mais voici la véritable recette du Dry Martini, cocktail inventé par un barman new-yorkais du nom de Martini :
    2cl de Noilly Prat Dry
    4cl de Gin
    2 gouttes d’angostura à l’orange
    Mélangé à la cuillère dans un mélangeur empli de glace
    Servi avec un verre citronné ( spray au zeste autours du verre) et une olive verte

    • Bonjour ! Pourquoi êtes-vous désolé ? C’est gentil de citer la recette du dry martini classique !
      Le seul point sur lequel il pourrait y avoir divergences, c’est sur l’origine du nom. Certains parlent de la ville de Martini, au Nouveau-Mexique. D’autres citent la carabine Martini. Autrement dit, c’est comme d’habitude : il est horriblement difficile d’avoir une certitude sur les sources des très grands cocktails.
      Merci de votre contribution !

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